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furieuse! et d'autant plus terrible que vous n'oserez pas me la montrer!... Quand donc ma petite Dabrovine
arrivera-t-elle avec sa Natasha et ses deux garcons? Je donnerais dix mille, vingt mille roubles pour qu'elle
arrivat aujourd'hui meme.
Le general quitta l'appartement presque en courant, pour aller voir s'il ne voyait rien venir. Derigny et sa
femme etaient heureux de la joie du bon et malicieux general; et peut-etre partageaient-ils un peu la
satisfaction qu'ils laissaient eclater de la colere presumee de Mme Papofski.
Jacques et Paul, presents a cette scene, riaient et sautaient. Ils avaient habilement evite les prevenances
hypocrites des petits Papofski, et avaient reussi a ne pas jouer une seule fois avec eux. Quand ils les
rencontraient, soit dans la maison, soit dehors, ils feignaient d'etre presses de rejoindre leurs parents, qui les
attendaient, disaient-ils; et, quand les petits Papofski insistaient, ils s'echappaient en courant, avec une telle
vitesse, que leurs poursuivants ne pouvaient jamais les atteindre. Lorsque Jacques et Paul voulaient prendre
leurs lecons et s'occuper tranquillement, ils s'enfermaient a double tour dans leur chambre avec Mme Derigny,
et tous riaient sous cape quand ils entendaient appeler, frapper a la porte. Mme Papofski profitait de toutes les
occasions pour temoigner son amitie", son admiration aux excellents Francais de son bon oncle; malgre la
politesse respectueuse des Derigny, elle se sentait demasquee et repoussee. La conduite de son oncle
l'inquietait: il l'evitait souvent, ne la recherchait jamais, lui lancait des mots piquants, moitie plaisants, moitie
serieux, qu'elle ne savait comment prendre. Deux ou trois fois elle avait essaye de l'attendrissement, des
pleurs: le general l'avait chaque fois quittee brusquement et n'avait pas reparu de la journee; alors elle changea
de maniere et prit en plaisantant les attaques les plus directes et les plus blessantes. Quelquefois le general
etait pris d'acces de gaiete folle; il plaignait sa niece de la vie ennuyeuse qu'il lui faisait mener; il lui
promettait du monde, des distractions; et alors sa gaiete redoublait; il riait, il se frottait les mains, il se
promenait en long et en large, et dans sa joie il courait presque.
VII. LE COMPLOT 27
Le General Dourakine
VIII. ARRIVEE DE L'AUTRE NIECE
Le jour meme ou le general avait temoigne si ardemment le desir de voir arriver sa niece Dabrovine, et ou il
etait alle bien loin sur la grande route, esperant la voir venir, il apercut un nuage de poussiere qui annoncait un
equipage. Il s'arreta haletant et joyeux; le nuage approchait; bientot il put distinguer une voiture attelee de
quatre chevaux arrivant au grand trot. Quand la voiture fut assez pres pour que ses signaux fussent apercus, il
agita son mouchoir, sa canne, son chapeau, pour faire signe au cocher d'arreter. Le cocher retint ses chevaux;
le general s'approcha de la portiere et vit une femme encore jeune et charmante, en grand deuil; pres d'elle
etait une jeune personne d'une beaute remarquable; en face, deux jeunes garcons. Sur le siege, pres du cocher,
etait une personne qui avait l'apparence d'une femme de chambre.
Natalie! ma niece! dit le general en ouvrant la portiere.
Mon oncle! c'est vous! repondit Mme Dabrovine (car c'etait bien elle) en s'elancant hors de la voiture et en
se jetant au cou du general.
Oh! mon oncle! mon bon oncle! Quel terrible malheur depuis que je ne vous ai vu! Mon pauvre Dmitri! mon
excellent mari! tue! tue a Sebastopol!
Mme Dabrovine s'appuya en sanglotant sur l'epaule de son oncle. Le general, emu de cette douleur si vive et si
vraie, la serra dans ses bras et s'attendrit avec elle.
Le general: Ma pauvre enfant! ma chere Natalie! Pleure, mon enfant, pleure dans les bras de ton oncle, qui
sera ton pere, ton ami!...Pauvre petite! Tu as bien souffert!
Madame Dabrovine: Et je souffrirai toujours, mon cher oncle! Comment oublierai-je un mari si bon, si
tendre? Et mes pauvres enfants! Ils pleurent aussi leur excellent pere, leur meilleur ami! Mon chagrin
augmente le leur et les desespere.
Le general: Laisse-moi embrasser les enfants, ma chere Natalie, ils m'ont oublie, mais moi j'ai pense bien
souvent a vous tous.
Madame Dabrovine: Descends, Natasha; et vous aussi, Alexandre et Michel. Votre oncle veut vous
embrasser.
Natasha s'elanca de la berline et embrassa tendrement son vieil oncle, qu'elle n'avait pas oublie, malgre sa
longue absence.
Laisse-moi te regarder, ma petite Natasha, dit le general apres l'avoir embrassee a plusieurs reprises. Le
portrait de ta mere! Comme si je la voyais a ton age!... Ma chere enfant! Tu aimeras encore ton vieux gros
oncle? tu l'aimais bien quand tu etais petite.
Je l'aime encore et je l'aimerai toujours, repondit Natasha avec un affectueux sourire; surtout, ajouta-t-elle
tout bas, si vous pouvez consoler un peu pauvre maman, qui est si malheureuse.
Je ferai ce que je pourrai, mon enfant!... Et les autres, je veux aussi leur donner le baiser paternel.
Alexandre et Michel se laisserent embrasser par le general.
Le general: Y a-t-il de la place pour moi, mes enfants, dans votre voiture?
VIII. ARRIVEE DE L'AUTRE NIECE 28
Le General Dourakine
Natasha: Certainement, mon oncle; je me mettrai en face de vous avec Alexandre et Michel et vous serez
pres de maman. [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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furieuse! et d'autant plus terrible que vous n'oserez pas me la montrer!... Quand donc ma petite Dabrovine
arrivera-t-elle avec sa Natasha et ses deux garcons? Je donnerais dix mille, vingt mille roubles pour qu'elle
arrivat aujourd'hui meme.
Le general quitta l'appartement presque en courant, pour aller voir s'il ne voyait rien venir. Derigny et sa
femme etaient heureux de la joie du bon et malicieux general; et peut-etre partageaient-ils un peu la
satisfaction qu'ils laissaient eclater de la colere presumee de Mme Papofski.
Jacques et Paul, presents a cette scene, riaient et sautaient. Ils avaient habilement evite les prevenances
hypocrites des petits Papofski, et avaient reussi a ne pas jouer une seule fois avec eux. Quand ils les
rencontraient, soit dans la maison, soit dehors, ils feignaient d'etre presses de rejoindre leurs parents, qui les
attendaient, disaient-ils; et, quand les petits Papofski insistaient, ils s'echappaient en courant, avec une telle
vitesse, que leurs poursuivants ne pouvaient jamais les atteindre. Lorsque Jacques et Paul voulaient prendre
leurs lecons et s'occuper tranquillement, ils s'enfermaient a double tour dans leur chambre avec Mme Derigny,
et tous riaient sous cape quand ils entendaient appeler, frapper a la porte. Mme Papofski profitait de toutes les
occasions pour temoigner son amitie", son admiration aux excellents Francais de son bon oncle; malgre la
politesse respectueuse des Derigny, elle se sentait demasquee et repoussee. La conduite de son oncle
l'inquietait: il l'evitait souvent, ne la recherchait jamais, lui lancait des mots piquants, moitie plaisants, moitie
serieux, qu'elle ne savait comment prendre. Deux ou trois fois elle avait essaye de l'attendrissement, des
pleurs: le general l'avait chaque fois quittee brusquement et n'avait pas reparu de la journee; alors elle changea
de maniere et prit en plaisantant les attaques les plus directes et les plus blessantes. Quelquefois le general
etait pris d'acces de gaiete folle; il plaignait sa niece de la vie ennuyeuse qu'il lui faisait mener; il lui
promettait du monde, des distractions; et alors sa gaiete redoublait; il riait, il se frottait les mains, il se
promenait en long et en large, et dans sa joie il courait presque.
VII. LE COMPLOT 27
Le General Dourakine
VIII. ARRIVEE DE L'AUTRE NIECE
Le jour meme ou le general avait temoigne si ardemment le desir de voir arriver sa niece Dabrovine, et ou il
etait alle bien loin sur la grande route, esperant la voir venir, il apercut un nuage de poussiere qui annoncait un
equipage. Il s'arreta haletant et joyeux; le nuage approchait; bientot il put distinguer une voiture attelee de
quatre chevaux arrivant au grand trot. Quand la voiture fut assez pres pour que ses signaux fussent apercus, il
agita son mouchoir, sa canne, son chapeau, pour faire signe au cocher d'arreter. Le cocher retint ses chevaux;
le general s'approcha de la portiere et vit une femme encore jeune et charmante, en grand deuil; pres d'elle
etait une jeune personne d'une beaute remarquable; en face, deux jeunes garcons. Sur le siege, pres du cocher,
etait une personne qui avait l'apparence d'une femme de chambre.
Natalie! ma niece! dit le general en ouvrant la portiere.
Mon oncle! c'est vous! repondit Mme Dabrovine (car c'etait bien elle) en s'elancant hors de la voiture et en
se jetant au cou du general.
Oh! mon oncle! mon bon oncle! Quel terrible malheur depuis que je ne vous ai vu! Mon pauvre Dmitri! mon
excellent mari! tue! tue a Sebastopol!
Mme Dabrovine s'appuya en sanglotant sur l'epaule de son oncle. Le general, emu de cette douleur si vive et si
vraie, la serra dans ses bras et s'attendrit avec elle.
Le general: Ma pauvre enfant! ma chere Natalie! Pleure, mon enfant, pleure dans les bras de ton oncle, qui
sera ton pere, ton ami!...Pauvre petite! Tu as bien souffert!
Madame Dabrovine: Et je souffrirai toujours, mon cher oncle! Comment oublierai-je un mari si bon, si
tendre? Et mes pauvres enfants! Ils pleurent aussi leur excellent pere, leur meilleur ami! Mon chagrin
augmente le leur et les desespere.
Le general: Laisse-moi embrasser les enfants, ma chere Natalie, ils m'ont oublie, mais moi j'ai pense bien
souvent a vous tous.
Madame Dabrovine: Descends, Natasha; et vous aussi, Alexandre et Michel. Votre oncle veut vous
embrasser.
Natasha s'elanca de la berline et embrassa tendrement son vieil oncle, qu'elle n'avait pas oublie, malgre sa
longue absence.
Laisse-moi te regarder, ma petite Natasha, dit le general apres l'avoir embrassee a plusieurs reprises. Le
portrait de ta mere! Comme si je la voyais a ton age!... Ma chere enfant! Tu aimeras encore ton vieux gros
oncle? tu l'aimais bien quand tu etais petite.
Je l'aime encore et je l'aimerai toujours, repondit Natasha avec un affectueux sourire; surtout, ajouta-t-elle
tout bas, si vous pouvez consoler un peu pauvre maman, qui est si malheureuse.
Je ferai ce que je pourrai, mon enfant!... Et les autres, je veux aussi leur donner le baiser paternel.
Alexandre et Michel se laisserent embrasser par le general.
Le general: Y a-t-il de la place pour moi, mes enfants, dans votre voiture?
VIII. ARRIVEE DE L'AUTRE NIECE 28
Le General Dourakine
Natasha: Certainement, mon oncle; je me mettrai en face de vous avec Alexandre et Michel et vous serez
pres de maman. [ Pobierz całość w formacie PDF ]